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Pourquoi ne pas visualiser la ligne d’arrivée ?

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Pourquoi ne pas visualiser la ligne d’arrivée ?

La préparation mentale tient une place importante dans la réussite d’un ultra. J’ai déjà évoqué plusieurs techniques qui aident à se préparer et à gérer les imprévus d’une course : les routines, les switchs, le plan de course

Dans cet article je vais évoquer la notion de visualisation pour atteindre son objectif, et répondre à la question pourquoi il n’est pas utile de visualiser la ligne d’arrivée de son ultra.

Si j’avais connu cette technique, j’aurais probablement bien mieux appréhendé ma gestion de course lors du Grand Duc de Chartreuse. En pleine préparation pour l’UTMB, cette course était un objectif intermédiaire pour valider l’état de forme. Je m’étais visualisé principalement dans la réussite de la course, le passage de la ligne. Evidemment, avec le recul, ce ne fût pas le cas. Je détaillerais dans un autre article les bienfaits possibles des abandons.

Au-delà des conditions météos, de ma forme, aujourd’hui je me prends cet exemple sur l’aspect plus mental, lié à une préparation / une visualisation qui n’a pas été aidante pour la réussite. Comment l’expliquer ?

 

L’étude de Shelley E Tylor

En 1998, une étude de Shelley E. Taylor intitulé Harnessing the imagination parue dans American psychologist nous donne une réponse.

L’étude consistait à créer 3 groupes d’étudiants qui visaient la note A à un examen. Le premier groupe devait se visualiser en train de passer l’examen, dans les instructions, ils pouvaient se visualiser en position assises, en révision à la bibliothèque ou chez eux, relire leurs notes,… tout le process qui les amènera à passer l’examen.

Le second groupe devait se visualiser en ayant obtenu la note A. Ils devaient se visualiser en train de chercher leurs noms dans la liste des notes et avoir le plaisir de découvrir leurs notes.

Le troisième groupe était un groupe de contrôle qui ne devait pas changer ses habitudes par rapport aux examens antérieurs.

 

Quel groupe a donc le mieux performé ?

Tout d’abord un petit retour sur le théorie de la visualisation.

 

Qu’est ce que la visualisation ? Les caractéristiques

La visualisation permet de rendre « réel » des évènements, des émotions, par exemple, se projeter sur la plage pendant les prochaines vacances. Il a été démontré que ceux qui se visualisaient un évènement, étaient plus fortement convaincus que celui-ci se produirait et se réaliserait.

L’une des caractéristiques est la mise sous contrôle des contraintes de la réalité, et l’action se déroule plus facilement d’étape en étape avec fluidité. C’est pourquoi, la visualisation est également utilisée dans la résolutions de problème. Plusieurs exemples dans différents domaines sont régulièrement évoqués : investissement dans les actions, implantation de produits dans un magasin, commandement d’unité militaire, sportifs,…

La principale influence de la visualisation est de mieux comprendre, connaître et donc maîtriser son état émotionnel.

On peut distinguer deux types de visualisations : sur le process pour atteindre un évènement, sur la réussite de l’évènement lui-même.

Prenons l’exemple d’un ultra, dans la première méthode la visualisation portera sur tous les points importants, du coureur, pendant sa course : le départ, le changement de vêtement pour la nuit, les ravitaillements, l’allure, l’alimentation, le changement de pile de la frontale,… plus ce sera visualiser, plus on se rapproche de l’établissement de routines aidantes.

La deuxième méthode sera la visualisation du dernier kilomètre, du passage de la ligne, des retrouvailles avec la famille, le retour au boulot, le cadeau finisher,…

De ces deux possibilités, laquelle a été la plus efficace pendant l’étude ?

 

Les résultats

L’étude de Shelley E Taylor a donné un résultat en faveur de la visualisation par le processus. 73% ont réussi contre 68% pour la visualisation sur la résultat et 65% pour le groupe de contrôle.

Une deuxième étude, sur le même principe a donné un résultat similaire : 81% de réussite pour le groupe « processus », 73% pour le groupe « objectif » et 78% pour le groupe contrôle.

 

La première conclusion est que la visualisation « objectif » pouvait induire que le cerveau considère que l’objectif est déjà atteint. La visualisation devient « réelle ». Les ressources ne sont donc pas autant mobilisées que nécessaire.

Ensuite laseconde conclusion est appelée « le planning erroné ». En effet, en visualisant l’objectif, on a tendance à sous-estimer les besoins et donc d’avoir une to-do liste bien trop conséquente, un planning surchargé. Les deux effets cumulés conduisent à moins bon résultat que la visualisation par « processus ».

Enfin ladernière conclusion est donc de privilégier la visualisation par processus, qui donne un résultat supérieur à celle par objectif.

 

Et donc sur le Grand Duc, pleinement focalisé sur l’arrivée, j’avais déjà fait la course avant d’avoir pris le départ. Et quand il aurait fallu trouver des ressources pour s’accrocher, je n’avais rien en réserve. A l’époque, je l’avais mis sur le compte de la fatigue. Aujourd’hui je sais que ce n’était pas que ça. Pour l’UTMB, 2 mois plus tard, j’avais réalisé une visualisation d’étape en étape, des routines adaptées, et j’ai terminé.

 

 

Si cela intéresse, voici un livre sur les idées qui évoquent de manière moins détaillée cette étude

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