Le manager de François D’HAENE rappel un point essentiel, le plan de course. Conclusion il a gagné l’UTMB pour la 3ème fois (ok, il a couru aussi)
Salut les trailers,
l’édition 2017 de l’UTMB était annoncé comme extraordinaire avec la présence des nombreux champions, dont plusieurs anciens vainqueurs : François D’Haene, Kilian Jornet et Xavier Thévenard.
La météo a imposé deux modifications de parcours en supprimant les passages par le col des pyramides calcaires et la montée à la tête aux vents.
La course a tenu toutes ses promesses avec de nombreux rebondissements dont je ne vous parlerais pas ici, ce n’est pas le sujet de faire un compte rendu de course. Au final François D’Haene remporte la victoire en 19h01 devant Kilian Jornet (19h16) et Tim Tollefson (19h53). Un point marquant est évidemment la vitesse moyenne du vainqueur à 8.80Km/h !!!
Grande avancée de la technologie, on peut rester chez soi et suivre la course avec un suivi en live . Sincèrement, c’est top, cela permet de voir une petite partie de la course des champions et mieux se rendre compte de ce qu’est le haut niveau.
C’est ainsi que j’ai pu suivre une partie du direct avec notamment une interview de Jean-Michel Faure-Vincent qui assure l’assistance de François D’Haene. A Champex il répond donc aux questions du journaliste sur l’avance de son coureur et comment il voit la situation par rapport à la concurrence, notamment Kilian Jornet. La réponse est simple, il ne cours pas par rapport aux autres mais par rapport à son plan de course avec lequel il est en phase à 1 minute près. Impressionnant la précision tout de même.
Le plan de course, c’est bien le point essentiel quand on se lance sur un trail, et encore plus sur un trail long. Loin des rythmes classiques et réguliers d’un marathon, le trail ne peut se courir à une vitesse constante.
Qu’est ce qu’un plan de course ?
Une erreur classique est de se focaliser sur son plan d’entrainement : quelles séances ? combien ? quel dénivelé ? combien de week-ends chocs ? tout ce qui est souvent détaillé dans les magasins, les livres.
Le plan de course, c’est autre chose, c’est le découpage du parcours de la course en intervalles qui ont du sens pour vous. Vous n’êtes pas obligé d’avoir le même découpage que votre pote qui fait le même trail.
Par évidence et simplicité, les points de ravitaillements sont souvent la première trame de découpage. Cela peut vous suffire, mais vous pouvez ajouter d’autres découpages. Le plus fréquemment en montagne, les cols et les fonds de vallée sont des points de repères d’un plan de course.
Le bon découpage est celui qui vous permet de mieux visualiser votre course, d’avoir des étapes intermédiaires à taille humaine. En effet, des intermédiaires trop longs sont négatifs pour le mental. Il faut se projeter uniquement sur des étapes facilement imaginable : un 10km, une ascension,…
Dans mon récit de l’UTMB 2014, je me réfère souvent au « temps prévu », c’est le temps de mon plan de course.
Quel est l’intérêt du plan de course ?
Avoir ainsi préparé sa course présente plusieurs intérêts, j’en ai noté 5 :
- Le mental par une visualisation de micro objectifs et non de la distance complète
- L’alimentation par une facilité de préparation de vos besoins pour chaque étape (liquide comme solide) et donc ne pas perdre de temps inutilement aux ravitaillements
- La famille qui aura ainsi une connaissance théorique de votre avancée, ajustée par vos éventuels contacts (téléphone, sms,…)
- Savoir à quel moment de la course vous devrez vous équiper en mode nuit (vêtements, frontale)
- Ne pas être dépendant d’un gps, il y aura toujours une batterie à plat au mauvais moment. Je n’utilise en course de montagne qu’une montre avec altitude et heure.
A quoi ressemble un plan de course ?
Voici 3 exemples, j’utilise les deux premiers en fonction des courses, souvent le premier pour des courses jusqu’à 80Km et le second dès que je dépasse les 100km.
1er exemple => utilisation du profil de la course
2ème exemple => utilisation d’un tableau
3ème exemple => la version minimaliste d’Antoine Guillon
Comment créer votre plan de course ?
Pour créer votre plan de course, évidemment la base de données initiales sera via le site de votre course. Parfois, les organisateurs ne fournissent pas de fichier gps si on veut être très précis, a minima il faut un profil de la course.
Pour établir un plan façon exemple 1, avec le profil et des commentaires spécifiques, vous pouvez utiliser le logiciel course generator, qui est gratuit.
L’inconvénient de cette méthode est de prendre le temps de bien utiliser le logiciel et d’avoir l’envie de « jouer » avec des fichier gps. Je l’ai fait un temps, et pour les course où le profil m’intéressait j’ai utilisé une méthode plus simple, impression du profil et ajout de mes commentaires à la main. Moins précis mais plus rapide.
Pour l’exemple 2, je peux vous indiquer 2 méthodes.
Tout d’abord, l’utilisation des bases de données du site de softrun, gratuit également. Très pratique, puisqu’il y a un calcul des temps de passage sur la base de vos indications. L’inconvénient c’est que le calcul est donc mathématique, il faut donc parfois ajuster. Les organisateurs changent le parcours d’une année sur l’autre et le site n’a pas toujours aussi vite que voulu le nouveau fichier disponible.
Encore une fois par souci de simplification, j’utilise fréquemment une méthode encore plus simple : excel. Je créé un tableau façon softrun que j’ai modifié avec les années pour avoir des calculs automatiques de consommation de liquide entre deux points, de vitesse moyenne (en km/h ou D+/h). Ces dernières données doivent être connues grâce à vos entrainements.
Pour l’exemple 3, une feuille de papier suffit 🙂 . Souvent Antoine Guillon fabrique son plan de course en forme de bracelet pour ne pas avoir à le chercher pendant la course.
Pour les autres méthodes, je considère que le bon format est un peu moins qu’une demi feuille A4. Pour les course longue, j’utilise le recto et le verso (voir une 2ème feuille dans le sac d’assistance lorsqu’il y en a un).
Après impression, bien penser à le plastifier pour avoir un plan utilisable même en cas de pluie. Pour la plastification, le plus simple est d’utiliser une pochette plastique et de la découper, puis vous scotcher ou agrafer les contours.
Pour en revenir à François d’Haene et l’UTMB 2017, bien sûr que le plan de course ne lui a pas fait gagner la course. Par contre l’avoir préparé minutieusement et savoir le respecter lui a certainement permis de doser son effort, et accessoirement de se sortir mentalement de la dimension « compétition » entre grands champions.
Pour finir, si vous souhaitez des compléments, par exemple des tutoriels vidéos des logiciels que j’ai évoqué, dites le moi dans les commentaires.
Si l’article vous a intéressé, n’hésitez pas à le partager, à le faire connaître auprès d’autres trailers.
6 réflexions au sujet de « UTMB 2017, pourquoi François D’Haene a gagné ? »
Et quid de ceux qui ne font aucun plan?
Pour moi, le seul souci, c’est l’eau, je ne tiens même pas compte des BH, si je les passe , tout va bien, et si je suis arrêtée c’est qu’il y a problème avec mes capacités du jour, il n’y a pas à cogiter plus là dessus.
Et c’est là en fait la raison de mon absence de plan: non seulement je suis incapable d’en pondre un (faudrait quand même que j’essaye un jour) , mais je cherche à limiter le plus possible le nombre de facteurs susceptibles de m’encombrer l’esprit pendant la course, les BH en font partie, comme le relief (je garde juste en tête le profil général, et si je le prends avec moi, j’oublie de le consulter) , comme le fait d’être assistée .
C’est chouette (ça m’est arrivée une fois sur un 80) , mais je suis sûre qu’inconsciemment on se soucie de savoir si le suiveur sera là, si on y sera pas trop tôt, dans quelles conditions etc…
Les ravitos: ils ne me servent qu’à faire le plain d’eau et découper la course. Vu mon régime actuel particulier je suis très limitée ( sans gluten ni lactose, hem… ) .
Pour clore là dessus, je me prépare toujours à l’imprévu finalement, d’où l’habitude de prendre tout ce qui vient … comme ça vient , et c’est pour moi la plus belle manière de vivre un ultra . La routine aide énormément, mais quand elle se rompt, ça peut faire mal.
J’ai vécu un abandon pour hypothermie, ce fut la plus belle leçon de trail que j’ai prise! lol
Merci pour l’article, il m’a permis de démarrer une réflexion là dessus, car je me demande au final: « et si un jour je dépasse les 30 heures de courses, comment je vais gérer ce manque d’organisation? »
Et également « est-ce que planifier améliorerait mes perfs? »
Je n’en ai aucune idée…
Bonne idée en tout cas cette idée de tutos !
Merci pour ton commentaire, sur l’ultra il y a tellement d’imprévus qui se déroule le jour de la course, que je trouve rassurant d’avoir un cadre. Il y a quelques années mes plans de course étaient toujours bien trop optimistes et ne m’aidaient pas, mais j’ai vieilli 🙂
Si tu as une prochaine course, je peux t’aider à monter un plan simple qui te corresponde.
Franck
Plutôt adepte du papier aussi 🙂
Perso plutôt qu’un bracelet (je suis pas fan), je colle le roadbook au scotch sur mes bâtons:
– le profil d’une part,
– le plan de course d’autre part, avec BH, km/D+/D- par portion, et présence ou non de ravitos.
Comme ça il est très facilement dispo si besoin, et puis si on s’en fout… bin on le regarde pas 🙂
Je te colle l’adresse de ma page dédiée sur mon blog 🙂
https://redlighttrail.wordpress.com/transformer-ses-batons-en-road-book/
Bon courage pour la suite, je suis ton blog régulièrement 😉
Salut,
merci pour ton commentaire, je n’ai jamais testé la méthode sur les bâtons car je mets souvent pleins d’infos sur mon plan de course.
C’est une aide dans les moments difficiles, je monte et je lis, ça m’évite de cogiter aux douleurs ici et là.
Super ton site, j’apprécie bien le titre « redlight » cool !
Très intéressant comme article… j’aime bien les plans de course (ou roadbook) ;-). Ca permet de bien se mettre en tête toutes les caractéristiques du parcours et de se projeter dans sa course. Par contre je pense qu’il ne faut pas être trop rigide là-dessus, car sinon le moindre écart peut impacter le moral. C’est un peu pour ça que mes roadbooks sont toujours un peu pessimistes, même si quand je les écris je ne me vois pas aller plus vite le jour J, le fait est que je vais toujours une peu plus vite, et je trouve ça vachement bon pour le moral :-). Par exemple ici (http://sylrunandbike.blogspot.fr/2017/07/le-tour-des-fiz-beau-et-humide.html) il y a une photo de mon roadbook avec les points de passage, les caractéristiques des grandes ascensions, quoi recharger aux ravitos, etc… Finalement j’ai été en avance sur mes temps prévus, j’ai moins consommé de poudre que prévu, et j’ai géré mes batteries un peu plus tard que prévu.
Merci Sylvain, au tout début je faisais des roadbooks très optimistes et comme toi, je suis devenu plus réaliste pour aider le moral