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Mon meilleur raté, l’ultra tour du Beaufortain

PierraMenta

Mon meilleur raté, l’ultra tour du Beaufortain

Voici le récit de mon ultra tour du Beaufortain de 2011, mon meilleur raté de ma vie de coureur. Pourquoi, mon meilleur raté ? Grâce à cette expérience où j’ai vécu de nombreuses péripéties, j’ai pu par la suite, progresser et me remettre en question. C’est probablement grâce à cette expérience que j’ai pu gérer l’UTMB 2014.

Dans ce premier article, je te partage le récit de cette aventure. Dans le prochain article, je détaillerais les enseignements qui pourrons t’aider également.

 

Avant le départ

Janvier 2011, après avoir été recalé au tirage au sort de la CCC, je choisi une course similaire en terme de distance et de dénivelé, l’ultra tour du Beaufortain. C’est un sacré objectif, je n’ai jamais fait aussi long, avec autant de dénivelé, ni dépassé plus de 13h de course.

Pendant 6 mois je ne penserais qu’à cette course, à ce parcours plus de fois que je ne peux le dire.

 La préparation se passe plutôt bien avec un mois de juin dense : Pilat Trail et Trail des Ecrins. A 15jours de la course je lève le pied. Il est temps de penser à faire du jus. Ce n’est pas 1 ou 2 entrainements de plus qui changeront mon niveau.

 Vendredi matin, je prépare les affaires. Vendredi après-midi, c’est retrait du dossard et briefing de François. Je rencontre Yann qui me récupérera le lendemain matin pour venir au départ. On discute courses, météo du lendemain,…

J’essaye de me coucher vers 22h, je crois que je me suis endormi vers 23h30 / minuit. Non non la course ne me stresse pas. Levé à 2h, Myriam se lève également. J’ai rendez-vous avec Yann vers 3h15. Ça fait une bonne heure pour prendre un petit déjeuner, se préparer et être ensemble avant, normalement, le lendemain.

 

Le départ – Col de la roche pourrie

Nous arrivons sur le site de Queige. Une fois garé, Yann change de chaussures, fini de se préparer,… Puisque nous attaquons par une montée de 1500m, autant allonger les bâtons de suite. Au 2ème sur le brin du milieu, je tourne dans le vide. J’y crois pas ! A tour de rôle avec Yann, jusqu’à 5 minutes avant le départ on va essayer de comprendre ce qui se passe, de « réparer ». Coup de bol, j’arrive à visser un peu. C’est légèrement plus bas que d’habitude mais c’est vissé. J’ajuste l’autre bâton et voilà, enfin prêt à partir. (après la course, j’arriverais sans problème à visser / dévisser mes bâtons, bref bref).

Le côté positif, je n’ai pas vu le temps passer. Côté négatif, la boule de stress a bien gonflé dans le bide.

 

Top départ ! enfin ! je suis bien malgré tout et heureux d’être là, heureux de partir sur cette belle journée. La montée à la Roche Pourrie se passe bien. En vérifiant le chrono et l’altitude, je vois que je suis largement dans le plan de course prévu, donc ça va. A un moment, les gars qui me rattrapent derrière sont avec une radio sur la fréquence de l’organisation. Je trouve ça rigolo de vouloir se tenir informé, puis chemine dans ma tête une idée pas si absurde. Ils sont peut être bien de l’organisation ces gars là, donc donc … y a plus personne derrière ! je suis dernier. Un coup d’œil, effectivement pas d’autres frontales. Je leur demande, ce sont bien les serre-files. A ce moment je m’interroge sur mon niveau (pourtant les autres sont à peine 30m devant) et  je me dis que je prendrais le large bientôt. Quelle erreur !

 

On rattrape d’autres coureurs qui font une pause technique. Le jour commence à se lever, les sommets en face rosissent, c’est magnifique. Voici les contrôleurs du sommet, (2h20, j’avais prévu 2h30) ils sont malins, ils sont du côté à l’abri du vent. J’ai depuis une dizaine de minute une gêne sous le pied droit, je ne voulais pas m’arrêter en pleine ascension. Je passe le sommet, trouve une pierre pour m’assoir et hop je vire les petits cailloux, remet la semelle, et c’est reparti.

 

Ça part en vrille

J’arrive sur une bifurcation, pas de balisage, enfin si, un joli panneau. Mal réveillé, pas lucide ?, je pars à gauche. Au bout de quelques minutes, après une belle montée sèche, je vois les serre-files qui me rattrapent. Zut ! toujours pas semé. J’ai vu quelques coureurs en contre-bas, je me demande quand ça va descendre. Puis je demande aux 2 gars. Ils ne savent pas non plus. Dans le doute, ils appellent l’organisation, je crois que c’est François qui répond. Il fallait partir à droite, pas à gauche. Seule solution revenir à la bifurcation. Demi-tour fissa !

J’arrive à cette … de bifurcation. Effectivement le panneau indique bien col de la Bathie à droite. 50 minutes dans la vue, plus de 3km et un petit 300m de D+.

Légèrement énervé, surtout contre moi-même et mon inattention, je force l’allure. J’avais un plan avec un peu de marge vis-à-vis des barrières horaires, c’est donc toujours jouable. Un peu trop énervé, et donc pas assez attentif, je me tords comme il faut une cheville, puis me vautre dans une descente,… ça tourne mal.

En plongée sous-marine, lorsque de petits incidents mineurs s’enchaînent c’est souvent le signe qu’il faut rester sur le bateau pour éviter l’accident grave ou fatal sous l’eau. Avec cette réflexion (point positif, je suis quand même un peu lucide), je me dis que soit je me calme et j’assure ma pose de pieds pour avancer, soit faut vite arrêter l’histoire avant la blessure. Je choisis la première option évidement. J’ai besoin d’être concentré si je veux finir le tour.

 

Enfin le refuge des Arolles, j’y suis en 5h pour 4h05 de prévu. J’ai repris du poil de la bête, je vais y arriver, ça va le faire. J’espère une descente prochaine et rapide sur St Guérin. En fait la descente n’arrive pas si vite, et elle n’est pas si roulante, zut pour augmenter la moyenne ça se complique. Enfin le lac du barrage, m… faut longer pour arriver au contrôle. J’y arrive en 7h15, pour une barrière  en 7h30 (et 6h prévu). C’est quand même bien chaud.

Je m’arrête le temps de remettre de la nok et c’est parti pour la montée sur le Cormet d’Arêche. Dur dur sous le soleil, j’ai un sacré coup de barre. Heureusement, les 2 gars, devenus Sébastien et Bruno m’aident beaucoup moralement.  Le ravito arrive enfin  en 8h50 pour 7h15 de prévu. Je me pose 10 bonnes minutes : nok, boire, manger, être assis.

 

Direction refuge de Presset

Quand je repars j’ai le gnac, la pêche est revenu. Plan Mya c’est faisable ! faut que j’y crois ! Après la croix du berger, pour la 1ère fois j’aperçois un coureur devant moi. Ça me booste, j’envoi un peu plus. Sébastien et Bruno m’encouragent bien, ils sont contents également. La montée au Col du coin est bien raide mais elle passe assez facilement, le compère déjà reparti est en visu de plus en plus proche. Je me fais plaisir dans la petite descente et j’essaye de courir dans la partie pierres d’après. Je rattrape le coureur au niveau du lac d’amour. Au contrôle je vois Yann assis, il arrête sa cheville est trop douloureuse. Mince.

Le col à Tutu se rapproche, j’ai pris un peu d’avance sur l’autre coureur. Un des contrôleurs du col est descendu pour savoir si je ne veux pas arrêter là ! ben non ! je veux me battre jusqu’à plan Mya, comme j’ai l’air en forme on me laisse passer. L’autre coureur s’arrêtera là, je suis à nouveau dernier.

Au col la question est identique, mais je veux continuer !

Je vois le ravito du Refuge Presset, j’ai hâte d’y arriver. M… ça monte jusqu’à ce ravito (11h39 vs 9h10 de prévu). Je stoppe à peine 4minutes.

En me rapprochant du col du Grand Fond, le dé balisage à commencé. Je perds presque 10 minutes à expliquer pourquoi je veux continuer ! moralement pas facile à cet instant. Je bataille depuis mon erreur et là je suis à la limite de laisser tomber, mais non m… je suis venu pour faire le tour, les jambes vont bien alors j’avance. Je vais pas vite, mais je suis en forme.

La montée se passe pas si mal, puis c’est le passage jusqu’à la brêche de Parozan. Enfin je le vois ce pierrier. L’accueil est super, comme depuis le matin je remercie les gars de m’avoir attendu, et je fonce dans la descente. En fait pas besoin de foncer, faut plutôt freiner car c’est bien raide. Tant mieux, ça permet de dévaler plus vite.

 

Vers plan Mya

Arrivé en bas je pensais être proche de Plan Mya, en fait il reste un bon bout de chemin où j’ai du mal à relancer. J’arrive à un contrôle que je crois être plan Mya, mais non il reste 3km me dit le bénévole. Allez faut repartir, ne pas lacher. Mon GPS c’est eteint au bout de 13h de course, je sais que pour la barrière horaire c’est mort, sauf si j’arrive très proche des 13h15.

J’arrive à Plan Mya en 14h ! Fin de l’aventure, Sébastien et Bruno s’arrêtent là également. Je ne les aurais pas semés de la journée.

Une très sympathique bénévole nous ramène tous les trois à Queige.

 

Je mange un petit bout avant qu’on vienne me récupérer. De retour à l’auberge tous les amis me félicitent, 55kmet 4200m de D+, c’est déjà pas mal.

C’est déjà pas mal, mais je le vis quand même comme un gros échec, un méga raté. Je vais mettre un peu de temps à encaisser et savoir en tirer les bons enseignements. Je te raconte ça dans le prochain article.

 

Et toi, as-tu vécu des courses galères ?

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